Amélie GALÉS, psychomotricienne, vous explique comment accompagner l'imitation chez l'enfant :
L’enfant se développe grâce à ses expériences.
Dès sa naissance, le bébé est capable d’imitation. D’après certaines recherches, l’imitation occuperait une place importante dans les interactions entre les enfants et les parents (environ 16% du temps). En effet, le nouveau-né sourit en réponse aux sourires de l’adulte ou peut ouvrir la bouche ou tirer la langue lorsqu’il voit l’adulte le faire. Ceci est possible grâce aux neurones miroirs du cerveau.
Les neurones miroirs se trouvent dans une partie spécifique du cerveau. Ils servent à l’imitation et à l’apprentissage. Lorsque l’enfant imite quelque chose, le neurone miroir créé dans le cerveau un schéma moteur. Il s’active lorsque l’enfant regarde un geste, fait le geste ou lorsqu’il l’imagine. Un mouvement ou une action qui a déjà été observée est plus rapidement acquise et la répétition de l’observation permet une plus grande activité des neurones miroirs.
Cette capacité de pouvoir s’activer en miroir, notamment pour les gestes et les mimiques, permet l’accès à la reconnaissance des émotions et à l’apprentissage des gestes de tous les jours.
C’est une action totalement involontaire et automatique. C’est d’ailleurs ce qu’il se passe lorsque quelqu’un baille dans une pièce et que tout le monde se met à bailler !
Plus tard, l’enfant va reproduire de manière consciente ce qu’il voit autour de lui, l’adulte mais également les autres enfants. Vont alors se mettre en place deux types d’imitation, spontanée et différée. En voyant faire, l’enfant va apprendre à faire bravo et au revoir, d’abord en même temps que les autres puis spontanément au moment de partir ou quand il entendra au revoir. Petit à petit cette imitation va lui permettre d’apprendre et de comprendre pourquoi et quand fait-on bravo et au revoir. Ces capacités d’imitation vont ensuite lui permettre de reproduire des sons puis des mots et de leur associer un sens.
Il en est de même pour le jeu, la reproduction de ce qu’il voit et l’imitation vont évoluer vers la capacité à faire semblant et à entrer dans le jeu d’imitation. En grandissant l’enfant va passer par plusieurs étapes, faire rouler la voiture, puis remuer la cuillère dans le pot, en allant vers du plus complexe comme faire semblant de faire à manger ou s’occuper d’un poupon.
L’imitation reste un processus spontané.
Pour que l’imitation soit utile à l’enfant, elle doit être accompagné des prérequis psychomoteurs pour le faire. Un enfant regardant un adulte écrire ne pourra pas apprendre à écrire avant d’en avoir les capacités psychomotrices. Ainsi pour qu’un enfant puisse apprendre il faut le laisser imiter quand il le souhaite lui. Demander à un enfant de moins de 3 ans de faire pareil ou d’imiter ne lui permettra pas de rentrer dans l’apprentissage.
« Si l’enfant m’apporte un poupon, je donne le biberon au poupon puis le rend à l’enfant. S’il veut faire pareil il pourra, sinon il m’aura vu le faire et pourra le reproduire plus tard. L’enfant pourra même à plusieurs reprises m’apporter le poupon pour que je puisse devant lui le nourrir.
Il apprend également en regardant, et cela fait partie du processus d’imitation. »
L’apprentissage par l’imitation se fait donc chaque jour et constamment dans la vie de l’enfant. Il est donc indispensable pour le développement psychomoteur de l’enfant de pouvoir lui proposer de nombreuses situations où, en observant et en imitant il pourra entrer en relation avec son milieu et apprendre.