Amélie GALÉS, psychomotricienne, vous explique comment appréhender le jeu d'encastrement :
L’enfant se développe grâce à ce qu’il vit.
Dès qu’il en est capable l’enfant commence à manipuler des objets. Les jeux d’encastrements sont alors essentiels au développement psychomoteur de l’enfant. D’un point de vu moteur, l’enfant par ce jeu, va développer sa motricité fine, sa capacité à manipuler des objets, on appelle cela la coordination œil-main et la préhension. Il va également devoir adapter son tonus, c’est-à-dire la force qu’il met dans ses gestes. D’un point de vu cognitif, c’est la logique et l’orientation spatiale qui se développent. L’enfant va également apprendre par ce jeu à reconnaitre les formes qu’il manipule et les associer au bon vocabulaire avec l’adulte qui le guide. Dans ce moment de jeu il développe aussi sa concentration, sa patiente et sa mémoire. L’ensemble de ces étapes se basent également sur les capacités d’imitation.
Plus tard l’enfant devient capable de mettre en place des stratégies pour réussir efficacement ce qu’il a devant lui. Il observe alors les formes et fait des liens entre la place qu’il a et les pièces qu’il lui reste. Il mène alors une réflexion complexe et abstraite en imaginant quel pourrait être le résultat.
La difficulté principale des jeux d’encastrement et des puzzles est l’orientation dans l’espace des pièces et formes, qui nécessite comme explicité plus haut de la patiente et de la précision ce qui reste encore difficile pour les touts petits. Mais le plus jeune pourra tout à fait s’amuser simplement à retirer les formes de la planche ou à vider la boite à forme en la renversant.
À chaque âge donc son jeu d’encastrement !
Il est alors essentiel de pouvoir proposer différents jeux d’encastrements que l’enfant choisira en fonction d’où il se situe dans son développement, l’utilisation qu’il en fait dépendra également de ce dont il a besoin. L’enfant va commencer tout d’abord par des encastrements sur planche, à plat en deux dimensions. La forme doit être avec une poignée pour faciliter la manipulation. Au niveau des formes, il commence par le rond, puis les formes géométriques de base (carré, triangle) puis des formes plus complexes (croix, étoile, animaux…). En volume il est essentiel de commencer par une boite comprenant également des formes très simples (rond, carré, triangle) et d’aller ensuite vers le plus complexe. En volume l’enfant expérimentera également les compétences liées au transvasement. Pour les puzzles, on fera évoluer petit à petit le nombre de pièce et la complexité des formes.
L’enfant lorsqu’il joue à un encastrement va procéder par essai erreur. Il va essayer de mettre le rond dans le carré puis dans le triangle et voir que cela ne fonctionne pas. Le laisser faire ces erreurs lui permet d’apprendre et par association de situation il va comprendre les correspondances des formes. Faire plusieurs fois l’erreur va lui permettre de consolider sa connaissance il est donc important de pouvoir le laisser faire. Il est également important de le laisser faire seul, ainsi il va pouvoir mettre en place sa propre stratégie qu’il sera capable de reproduire ensuite. L’adulte peut le guider lorsqu’il semble avoir besoin d’aide en nommant les formes, ou l’aider lorsque cela devient trop difficile. Mais il est important de ne pas faire à sa place, de laisser place à la spontanéité ce qui permet de soutenir l’autonomie de l’enfant et sa confiance en soi !
Le petit plus des connectés !
Attention aux applications de puzzle sur tablettes ou mobiles. Bien qu’elles soient très intéressantes pour leur aspect pédagogique et leur apport sur la stimulation cognitive, l’organisation, la planification et la mémoire chez les enfants plus grands, elles ne remplacent pas la manipulation des objets, nécessaire pour l’apprentissage à tous les âges de la vie !